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Les couronnes de fleurs : une coutume ancestrale

Couronne de fleurs

Une tradition millénaire.

Depuis la nuit des temps, créer des couronnes de fleurs est une manière de cultiver notre lien à la nature : les infinies variétés d’agencements qu’offre leur confection en font l’une des manifestations créatives les plus primitives de notre Histoire.

Sur tous les continents et malgré une communication impossible à l’époque entre deux points géographiques éloignés, tous les peuples ont tissé fleurs et feuilles pour des occasions uniques, sacrées ou des événements importants de leurs coutumes respectives :

Union, récompenses, célébrations, cérémonies ou cultes, chacun de ces moments représente une occasion d’être fleuri pour ce qu’il représente de précieux.

Les hommes et les femmes ont ainsi invité, par l’habileté de leurs mains, l’omniprésente Dame nature à chacune des fêtes de leurs existences, comme s’ils souhaitaient réveiller leur lien à la Terre, à leurs origines profondes, lors de chaque étape importante de leurs vies.

Bien que la liste des occasions de créer des couronnes de fleurs ne puisse être ici complète, voici quelques exemples qui illustreront certaines coutumes où l’humanité a façonné (ou façonne encore) de ses mains, des cercles de fleurs délicats et parfumés.

Dans l’Antiquité.

À cette époque où la force physique et la valeur des hommes aux combats étaient un gage de richesse et de protection des empires, la couronne végétale symbolisait puissance et éternité.

Constituée de branches d’olivier ou de laurier, elle symbolisait pouvoir, bravoure et force guerrière et était souvent représentée ornant la tête des hommes de pouvoir sur les fresques romaines ou grecques.

Ainsi, les hommes devenaient un peu plus divins car ces couronnes étaient également l’apanage des dieux : étant dotées de pouvoirs célestes, les fleurs et les feuilles même arrachées de la terre ne fanaient pas au contact de leurs corps. Porter une couronne végétale signifiait presque que d’un humain puissant pouvait émaner le pouvoir de la vie, le pouvoir divin lui-même, et qu’il pouvait maintenir par cette aura le végétal vivant.

L’association à des arbres millénaires et vigoureux comme l’olivier soulignait aussi la valeur de l’homme comme égale à celle des majestueux végétaux.

Mais la couronne n’est pas tissée dans le seul but de traduire la puissance, elle est aussi très présente dans les jeux de l’amour, les femmes offrant leurs cercles de fleurs aux guerriers qui survivaient à l’issue de combats mortels. Elle constituait le prix du vainqueur et également l’expression de sentiments non formulés à voix haute.

À cette époque pleine de rudesse, la couronne de fleurs vient adoucir ou renforcer la vie et elle est aussi présente pour revêtir un caractère religieux ou animiste : comme habitée d’une force propre, on lui attribuait la capacité de protéger ou guérir.

Les couronnes se composaient de fleurs cultivées ou de fleurs sauvages parmi lesquelles l’épine (ou rose sauvage), le liseron, le souci, le cyclamen, le chèvrefeuille ou le mélilot, le bellium, le genêt ou le laurier rose. Les couronnes décoraient les objets ou fleurissaient les sacrifices consacrés aux divinités : certains jours de fêtes religieuses les hommes et les femmes se devaient de ceindre leurs têtes d’une couronne de fleurs en l’honneur des dieux et cet accessoire n’était en aucun cas à prendre à la légère.

Cette pratique faisait au symbole de renaissance qu’incarnaient le printemps et la déesse Flore. C’est à cette époque également que les couronnes de fleurs viennent accompagner les défunts, comme un lien organique qui transformait alors les ancêtres en des êtres divins, immortels dans l’Après. Sans le savoir, c’est cette tradition que nous perpétuons en Europe encore aujourd’hui.

Au Moyen âge.

Le métier d’ « herbier » ou « chapelier de fleurs » se répand pour perpétuer la tradition des couronnes et parures de fleurs nommées « chapels » ou « chapelets » : ces artisans travaillant dans les courtils (ou jardins), cultivaient des plantes qui servaient à confectionner, à la belle saison, des parures qui étaient autant appréciées des hommes que des femmes. La couronne sert alors aussi à distinguer les savants et les diplômés en médecine.

Le langage des fleurs s’est mis à véhiculer avec davantage de subtilités des messages amoureux. Par exemple, après une demande en mariage, les jeunes femmes portaient une couronne de marguerites si elles considéraient la demande ou bien une couronne de roses si elles l’acceptaient. Les fleurs portées ne sont pas choisies au hasard. Les jeunes gens exprimaient leurs sentiments par des tressages de fleurs en attachant un sens caché à chacune d’entre elles : ces créations florales emblématiques étaient appelées « Sélams ». Lors du mariage, c’est la couronne de fleurs d’oranger, symbole de chasteté et pureté, qui était privilégiée : le précieux cercle de fleur était ensuite conservé le plus longtemps possible après la cérémonie.

Jusqu’à nos jours…

Au fil du temps, la couronne de fleurs continue de se réinventer ou de symboliser différents aspects de la vie dans de nombreux points du globe : la couronne honorifique de lauriers par exemple que l’on distribue lors du passage du baccalauréat (bacca = baies, laureatus = lauriers).

En Ukraine, le « Vinok » est une couronne de fleurs ancrée dans les traditions : cette coiffe splendide et travaillée est portée par les femmes non mariées.

On continue de former des couronnes de fleurs parfumées de Tiaré en Polynésie pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs.

Les couronnes fleuries continuent également de répondre présentes lors des mariages, ou bien au théâtre pour saluer les comédiens. On tisse des couronnes d’immortelles des champs l’été, portées par les enfants, on continue de tresser les rameaux de Pâques, on s’amuse à réinventer ce geste ancestral même si son sens évolue et se transforme sans cesse.

Tresser les fleurs constitue donc un héritage d’histoires et de symboles, mais l’important ne réside pas dans ce que nos ancêtres faisaient de cette activité ni dans le sens qui lui ont attribué au fil du temps.

Ce qui importe, c’est de constater que cette pratique a, en tous lieux, laissé une empreinte, quelque chose qui met en évidence ce besoin de toucher, contempler, manipuler, sentir et observer la nature, la prise de conscience de sa beauté et de sa diversité puis cette envie universelle de l’intégrer à nos vies.

Et, puisqu’il est difficile de composer certaines fleurs aux pétales souples en couronnes, voici un agencement de fleurs de coquelicots rendu possible par la magie du dessin et de l’aquarelle : en espérant de tout cœur qu’il fera écho à votre amour de la Nature !

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